C’est une des tendances principales de ces dernières années. Mise en lumière par l’explosion du Bitcoin, la blockchain est souvent présentée comme une solution miracle. S’affranchir des intermédiaires et stocker les transactions de manière protégée sont deux avantages indéniables. Mais n’oublions pas que la technologie, aujourd’hui encore largement sous-utilisée, consomme énormément d’énergie.
Notre monde, où l’on essaye de faire rimer innovation et respect de l’environnement, peut-il se le permettre ? En 2017, la blockchain originelle a utilisé plus d’électricité que 159 états. 30,25 TWh ont été consommés pour le Bitcoin cette année, soit une puissance instantanée de 3,4 GW. Cela représente plus que la consommation nationale du Nigéria, de l’Irlande, ou encore de la Serbie ! C’est ce que souligne une étude du site Digiconomist, d’après les chiffres de l’Agence internationale de l’Énergie.
Concrètement, que permet la blockchain
Comme pour chaque grande innovation, on a rapidement vu les avantages de la blockchain. Parce qu’elle remet en cause les schémas classiques de partage et de protection de l’information, la technologie fascine. Plutôt que de centraliser en un endroit les données, celles-ci sont rajoutées à la chaîne par un bloc (nouveau maillon) qui est vérifié et validé par les précédents blocs. Le système est donc plus long, plus vaste et mieux réparti.
Le premier avantage qui en résulte est, en théorie, l’impossibilité d’effectuer des opérations frauduleuses. Il devient trop compliqué d’isoler les ordres de transaction puisque tout est relié et vérifié. Le service bancaire s’est donc largement emparé de la technologie, si bien que l’an dernier, IBM estime que 15% des banques dans le monde ont utilisé la blockchain. Ce chiffre pourrait passer à 66% en 2021.
L’IoT profite également de la technologie. Grâce à elle, chaque objet connecté peut interagir avec d’autres objets, se mettre à jour ou exécuter des tâches sans passer par un système central. Là encore, un gain de temps, de confiance et d’argent est possible.
Ce progrès pour l’IoT est bénéfique à beaucoup de secteurs d’activité. Par exemple, la logistique améliore grâce à la blockchain la traçabilité des marchandises, et évite la contrebande ou le vol. Pour la mobilité, les craintes sur le piratage de véhicules peuvent être levée grâce à la confiance qu’auront les utilisateurs en la technologie.
Catastrophe écologique, et autres freins…
Mais la blockchain est loin d’être parfaite. Et son principal défaut réside dans son propre algorithme de consensus qui repose sur les membres de la communauté, qu’on ne peut donc pas considérer comme de confiance. Il est alors demandé pour chaque transaction qu’un « mineur » résolve un problème mathématique complexe, pour prouver sa capacité à traiter la transaction : la preuve du travail. Ce minage étant évidemment rémunéré, il est devenu un business en soit, les mineurs se regroupant pour mutualiser leur puissance de calcul.
Ce processus de consensus est ainsi extrêmement énergivore et la blockchain est devenue une catastrophe écologique (cf. article de Pierre Guimard). À lui seul, le bitcoin a une consommation d’électricité affolante, alors si nombres de secteurs d’activité se mettent à utiliser la blockchain, le résultat sera désastreux, compte tenu de notre capacité à produire de l’énergie verte.
Énergivore, gaspilleur et générateur de conflit d’intérêt. Chaque transaction est mise aux enchères, le mineur le plus rapide à résoudre le problème remportant seul la validation de la transaction. Ainsi, à chaque fois, plusieurs mineurs dépensent de l’énergie pour rien. Et comme la validation dépend du minage, le principe si cher à la blockchain du premier arrivé, premier servi ne tient plus. Les mineurs peuvent en effet privilégier une transaction plutôt qu’une autre, si elle paraît plus facile ou est mieux rémunérée.
Ce n’est pas tout. On pourrait croire qu’en supprimant un intermédiaire, le processus transactionnel sera écourté. Or ce n’est souvent pas le cas. Le fonctionnement même de la blockchain l’empêche. Le processus de consensus décrit plus haut prend du temps ce qui freine considérablement l’adoption de la technologie pour les secteurs où la rapidité est un facteur clef de succès. Par exemple, lorsque Visa traite 11 000 transactions à la seconde, le Bitcoin est limité à 7 par seconde.
Enfin, il n’existe aujourd’hui aucun cadre réglementaire à l’utilisation de la blockchain. Le système fonctionnant en peer-to-peer, les instances de régulation ne sont pas invitées. La propagation de la technologie repose alors sur la confiance qu’auront les utilisateurs dans les mineurs et l’algorithme. Pas sûr que la majorité des potentiels utilisateurs se laissent séduire.
D’autres solutions en Distributed Ledger Technology (DLT) existent et parmi elles, le Hashgraph
La blockchain a largement profité de l’explosion du bitcoin pour prospérer. Malgré ses défauts elle a une avance en terme de notoriété qu’il sera difficile de combler pour ses concurrents. Mais les problèmes soulevés par le modèle de consensus ont ouvert la porte à d’autres technologies. On peut citer parmi elle :
- IOTA une cryptomonnaie et protocole en open-source. Elle a la particularité de n’appliquer aucun frais sur ses transactions et d’être à but non lucratif et de ne pas utiliser de chaîne de blocs. Chaque utilisateur souhaitant effectuer une transaction doit valider deux autres transactions, ce qui sera considéré comme son paiement. Cela permet que chaque transaction soit validée et donc stockée plusieurs fois.
- Hyperledger une plateforme open-source développer la Fondation Linux. Elle fonctionne selon le principe de la blockchain mais sans cryptomonnaie et donc sans minage ni de calcul coûteux (en argent et en énergie)
- Le Hashgraph un modèle dont s’est emparé Swirlds (puis d’autres société depuis) qui fonctionne selon le principe du gossip about gossip (commérage). Elle promet rapidité, économies d’énergie et légèreté à l’utilisation. Elle a retenu toute l’attention lors de sa présentation au dernier TechCrunch de San Francisco
Le Hashgraph, une solution crédible ?
L’algorithme de consensus est le point sensible de tous les modèles DLT. Son fonctionnement basé sur la preuve du travail ralentit le processus et consomme de l’énergie. Il semble que le Hashgraph ait réussi à résoudre ce problème.
La technologie élimine la preuve de travail grâce à un algorithme de vote virtuel fonctionnant en gossip about gossip. À chaque transaction ou connexion au réseau, le membre du réseau ou nœud choisit un autre membre au hasard et lui transmet toutes les informations qu’il connait. Et ainsi de suite entre tous les membres, ce qui crée le consensus. L’information est donc partagée, commune et infalsifiable (car il faudrait falsifier l’information auprès de tous les membres).
Et grâce à cette technologie, qui ne demande pas la résolution de problèmes complexes (le minage), on gagne en temps de calcul et également en énergie consommée. 250 000 transactions seconde, c’est ce que promet Swirlds, avec comme seule limite la bande passante, pour un impact environnemental considérablement réduit.
Enfin, le niveau d’information stocké est minimal, à savoir uniquement les effets de la transaction. Le reste étant rejeté, un smartphone peut faire office de nœud, ce qui démocratise sensiblement la solution.
Et pour quelles applications ?
Sur son site Web, Swirlds évoque les possibles utilisations de sa technologie. Évidemment, la transaction commerciale arrive en premier. Rapidité, preuve, consensus et sécurité, autant de bénéfices dont les banques, les assurances et toute l’industrie du e-commerce sont friandes.
On pourrait citer de nombreux autres secteurs où le Hashgraph peut représenter un progrès. En cette période où la RGPD est sur toutes les lèvres, intéressons-nous à l’identité des individus. En plus de garantir la sécurité et l’inviolabilité des profils online, le Hashgraph permet l’autorisation sans faille des accès. Par exemple, des plateformes d’authentification utilisent déjà la technologie pour accorder l’entrée à des systèmes d’information pour les nouveaux collaborateurs, de différencier les niveaux d’accès en fonction des attributions de chacun et de clôturer définitivement les comptes d’une personne quittant l’entreprise. Le tout sans aucune faille possible.
Comme souvent avec l’innovation, la blockchain, même avec une technologie imparfaite, a ouvert une porte, et le Hashgraph s’y est engouffré. À Swirlds de nous montrer que sa solution est viable et qu’elle peut s’adapter aux besoins des entreprises et des individus.