Cette année, pour la 50ème édition du Consumer Electronic Show (CES) à Las Vegas, l’intelligence artificielle est partout : dans les véhicules, les bagues, les lunettes, les jouets et même les brosses à cheveux…
Pour Gary Shapiro, président du CTA, qui organise l’évènement, nous sommes entrés dans « l’Age de l’intelligence ». Et il s’agit de convaincre l’Amérique de Donald Trump que c’est une bonne nouvelle car le spectre des robots destructeurs d’emploi progresse dans l’opinion. La conférence d’ouverture fait donc la part belle aux voitures autonomes qui pourraient sauver 300 000 vies par an aux Etats-Unis, en évitant 90% des accidents mortels sur la route.
L’automobile a en effet de nouveau été à l’honneur cette année au CES, rebaptisé par certains le « Cars Electronics Show ». Euisun Chung, vice-président de Hyundai, s’en est d’ailleurs amusé : « C’est normal que nous soyons visibles, nous vendons les ordinateurs grand public de loin les plus chers, même s’ils ont la particularité d’être montés sur roues. »
Mais bien au-delà de l’automobile, le CES réunit peu à peu tous les secteurs de l’économie car, pour être partout, le software qui « dévore le monde » a besoin d’électronique pour se développer.
Ci-dessous un diaporama des innovations qui ont retenu notre attention, suivi d’une analyse des trois macro-tendances qui ont marqué l’édition de cette année.
1) CES 2017 : l’intelligence artificielle et le pilotage par la voix se démocratisent
L’écosystème technologique de l’intelligence artificielle a gagné en maturité, notamment sous l’impulsion d’Amazon Echo, dont les ventes s’élèveraient à 5 millions d’unités en deux ans aux Etats-Unis.
Ford et Toyota ont ainsi déclaré travailler à l’intégration de l’assistant vocal d’Amazon dans leurs véhicules. LG permet également aux acquéreurs de son réfrigérateur « Smart Instaview » de dialoguer avec Alexa, l’assistant d’Amazon.
Les autres grandes entreprises technologiques, telles que Microsoft, IBM ou encore Google proposent aussi des plateformes prêtes à l’emploi pour alimenter les industriels en API d’intelligence artificielle : chatbots, reconnaissance d’image, calculs prédictifs…
Il faut donc s’attendre à voir l’utilisation de ces nouveaux services exploser car les coûts d’utilisation sont relativement faibles : généralement moins d’un dollar pour 1 000 requêtes. En effet, la valeur est dans la collecte de données à des fins publicitaires et les revenus indirects induits !
Les débats sur la protection de la vie privée promettent par ailleurs d’être vifs car les conversations avec Alexa et ses confrères ne sont pas protégées par le secret professionnel, comme l’indiquent clairement les conditions générales de vente de ces dispositifs.
2/ Les marques chinoises parviennent à innover, pas seulement à imiter
La Chine est le deuxième pays le plus représenté au CES, avec plus de 1 300 exposants, derrière les Etats-Unis et ses 1 800 exposants. On notera au passage que la France était le 3ème pays représenté, avec environ 250 exposants.
Les régions industrielles chinoises, « usines du Monde », sont toujours très représentées au CES, notamment Shenzen et ses 700 exposants. On retrouve, comme chaque année, une myriade d’entreprises aux noms inconnus du grand public qui se battent dans les allées du salon pour proposer les prix les plus compétitifs sur les écrans, les capteurs, les puces et les produits finis à faibles coûts en tous genres.
Mais depuis plusieurs années, la Chine montre qu’elle peut construire des marques globales, capables de rivaliser sur les marchés matures. Et le phénomène s’accélère.
Sur le marché des téléphones mobiles par exemple, au T3 2016, les fabricants chinois ont vendu plus de smartphones qu’Apple et Samsung réunis, selon une étude publiée par TrendForce. On note ainsi la première participation au salon de Xiaomi, qui souhaite poursuivre son expansion sur les marchés européens et américains avec des modèles adaptés, notamment le Mi Mix, conçu avec Philippe Starck.
Sur un autre marché, celui des drones, le chinois DJI domine déjà nettement le segment grand public avec une part de marché supérieure à 50%. Cela explique d’ailleurs certainement les difficultés du français Parrot, qui a perdu deux tiers de sa valeur en bourse en un an.
3) CES 2017 : réalité virtuelle et augmentée, une forte accélération à prévoir
En octobre 2016, HTC annonçait avoir vendu (seulement) 140 000 unités de son casque de réalité virtuelle « Vive ». Le raz de marée n’est donc pas encore arrivé : la pénétration actuelle dans les foyers est pour le moment faible. Mais le marché pourrait se développer très rapidement : 500 millions d’unités seront vendues d’ici 2025 selon les estimations les plus optimistes de Piper Jaffray.
En effet, l’offre de contenu est en train de connaître une hausse exponentielle avec l’arrivée des caméras panoramiques bon marché. En témoignent la production de contenus sur les chaînes Youtube 360, qui seront prochainement compatibles avec les casques VR de Sony.
En attendant l’adoption de masse, les marques présentent des dispositifs de plus en plus convaincants, utilisés largement en B2B sur les stands des exposants pour promouvoir des produits. 5 à 10% des stands des grandes marques étaient équipés de casques de réalité virtuelle (les constructeurs automobiles, les marques de mobile, de TV…) pour présenter leurs produits.
Coté usages grand public, le secteur les plus avancé est toujours celui de l’Entertainment avec notamment les démonstrations de jeux vidéo pour la console orientée VR de Sony, la Playstation 4 Pro. Des éditeurs de contenus et de matériel se sont par ailleurs fait remarquer dans le secteur des contenus pour adulte, traditionnellement innovant, avec des dispositifs de réalité virtuelle complets (Naughty America VR).
Concernant les accessoires, des fabricants proposent de nombreux produits qui développent la sensation d’immersion, grâce à des retours de force ou à des vibrations : des gants ou dispositifs tactiles (Tactai par exemple), des chaussures qui vibrent (Cerevo).
Ainsi, s’il est encore difficile de prédire avec précision le rythme de développement de ces technologies, on perçoit en testant ces équipements l’avènement d’une nouvelle manière d’expérimenter la réalité : avec un degré de personnalisation accrue. La réalité de demain sera sans doute plus que jamais la réalité de chacun.