50 millions d’euros pour le fonds Brighteye Ventures, 28 millions de dollars pour Kano, plateforme londonienne d’apprentissage du code… Les grosses levées de fonds du secteur Edtech se poursuivent. Mais à y regarder de plus près, des tendances contrastées se dessinent.
La société de capital-risque Brighteye Ventures vient de collecter 50 millions d’euros, pour créer son premier fonds dédié au secteur Edtech. Kano, une startup basée à Londres, spécialisée dans l’apprentissage du code, vient de réaliser son deuxième tour de table, en levant 28 millions de dollars auprès de Thames Trust et Breyer Capital.
Cette forte activité liée aux investissements dans le secteur Edtech peut nous faire penser que le secteur Edtech sera le futur secteur Fintech comme certains experts le prédisent. Mais dans les faits, les chiffres nous donnent une réalité plus mesurée.
Les plus grosses levées de fonds ne sont pas américaines
Habitués que nous sommes aux importantes levées de fonds en provenance de la Silicon Valley, quel que soit le secteur d’activité, nous avons tendance à penser que la majorité des plus gros deals viennent de cette région du monde. Dans les faits, il n’en est rien. Selon la société Pitchbook, sur les cinq plus grosses opérations réalisées depuis 2012 dans le monde, la Chine s’en est adjugé trois.
Fin 2015, la plateforme en ligne TutorGroup, basée à Shanghai, a ainsi levé 200 millions de dollars auprès d’investisseurs tels que Goldman Sachs et GIC. VIPKID, une startup spécialisée dans l’apprentissage de l’anglais, basée à Pékin, a réalisé en août dernier une levée de fonds identique, auprès de Sequoia.
Et, toujours selon la société Pitchbook, la tendance s’est confirmée en 2017. Quatre des cinq principales opérations financières dans le secteur Edtech réalisées dans le monde sont le fait d’entreprises chinoises.
En Europe, la Russie en embuscade derrière le Royaume-Uni
Selon les chiffres de Pitchbook, près de 40% des opérations réalisées en Europe sont le fait d’entreprises basées au Royaume-Uni (34 deals jusqu’à présent cette année). Juste derrière, la Russie se positionne en deuxième position avec 11 deals cette année.
Une reprise des investissements globaux
Les montants levés en 2017 dans le secteur Edtech, loin d’égaler ceux de 2015, sont en passe de dépasser ceux de 2016, avec 1,9 milliard de dollars investis jusqu’à présent. A l’inverse, le nombre de deals est en chute libre. En passe de rejoindre le faible nombre de transactions constaté en 2012. Au global, moins de deals mais des montants plus importants que les années précédentes, signe d’une maturité plus croissante du secteur.
Alors, les Edtech sont-elles les futures Fintech ?
Nombre d’experts ont annoncé que les Edtech étaient les futures Fintech et que le secteur allait lever des centaines de milliards de dollars d’ici 2020. Concrètement, on en est loin. Selon CB Insights, seuls 3 milliards de dollars ont été investis dans le monde en 2017 dans les Edtech. Le site Edsurge recense quant à lui un milliard de dollars en 2016, avec une projection stable sur 2017.
Patrick Brothers, le CEO de Navitas Ventures, un fonds d'investissement spécialisé dans les Edtech, a réalisé une étude auprès de 15 000 start-up du secteur. Selon ses chiffres, 50 milliards de dollars tout au plus auraient été investis dans les Edtech depuis 1997.
Le secteur des Edtech est soumis à des règles et des dynamiques qui lui sont propres. Les jeunes générations, nées avec le digital, sont en demande croissante de contenus et de formats adaptés à leurs habitudes (formats vidéo, sur mobile ou tablette…). Mais de nombreux acteurs de ce marché ont des temps d’adoption des nouvelles technologies plus lents que dans les autres secteurs. Il faut donc savoir patienter.
Sources :
https://techcrunch.com/2016/08/13/edtech-is-the-next-fintech/
https://techcrunch.com/2017/09/22/forget-what-youve-been-told-about-edtech/
https://www.cbinsights.com/research/ed-tech-startup-funding-deals-dollars/
https://www.edsurge.com/news/2016-12-26-ka-ching-2016-us-edtech-funding-totals-1-billion