Si l’intelligence artificielle n’est pas nouvelle, l’accélération à laquelle nous assistons depuis trois ans en fait une lame de fond qui va bousculer les métiers intellectuels. L’IA ne remplacera pas le consultant, elle entraînera cependant une profonde mutation de ce métier. Le consultant des années 2020 sera hybride, à la fois ingénieur et artiste, à la fois architecte et constructeur.
Un niveau conceptuel plus élevé
Si l’hypothèse d’un robot consultant est encore lointaine, le consultant de demain sera amené à interagir avec des processus dirigés par l’IA. Il devra aussi intégrer des outils d’IA pour analyser des quantités de données croissantes. A sa panoplie classique composée d’Excel, Word, Powerpoint, il devra ajouter des outils comme Dataiku ou Mondobrain.
La simplicité de ces nouveaux outils les rend facilement accessibles. Elle a cependant une contrepartie, l’effet boîte noire que l’IA peut potentiellement développer et qui peut conduire à des décisions erronées. Comme les recommandations des machines s’appuient sur des données historiques, l’IA peut se tromper quand l’environnement change. L’IA est aussi très dépendante des systèmes qui l’alimentent en données. Un recul conceptuel sera donc important pour notre consultant du futur. De solides compétences techniques feront la différence, lui permettant d’éviter de rester à la surface des choses.
Des consultants plus créatifs et plus humain
Une entreprise contient des milliers de processus et des giga de données, autant de matière à optimiser. La capacité à réfléchir à partir d’une page blanche, en pensant à la valeur ajoutée client et non aux contraintes opérationnelles du passé fera la différence. Or si l’intelligence artificielle est capable de transformer des tableaux à la manière d’un Van Gogh ou d’un Rubens, elle peine à créer des formes vraiment différentes. Au delà du travail analytique que l’IA permettra de simplifier, c’est l’idée de rupture qui fera la différence.
Dans son ouvrage ‘The Whole New Mind’, écrit de façon visionnaire en 2005, Daniel Pink décrit les capacités humaines qui feront la différence : le sens du design, l’empathie, l’humour, ou l’art de raconter des histoires. La maîtrise du Python sera toujours utile mais la capacité à entrer en résonance avec les attentes profondes du marché fera la différence. Dans le domaine du service, le succès de marques hyper créatives - Michel et Augustin, Big Fernand ou Mama Shelter - montre le levier puissant que la créativité apporte. La magie du storytelling l’emporte sur la performance des outils Data.
Un goût pour à l’action
Le monde du digital est caractérisé par une forte volatilité, le monde de l’IA sera encore plus incertain. L’essor des plateformes SaaS, malheureusement essentiellement américaines, Amazon, IBM ou Google, permet des intégrations ultrarapides. Elles offrent à la fois des outils pour intégrer la donnée, la stocker et l’analyser avec des puissances de calcul inégalées. L’IA n’est plus de la science fiction mais peut changer dès rapidement la performance des entreprises. L’environnement concurrentiel va donc continuer à s’échauffer. Dans un monde dirigé par l’AI, le prestataire de service devra être plus que jamais au service de l’action concrète et pragmatique.