Le plus excitant dans notre métier de designer est d’évoluer dans un écosystème en constante évolution. Notre créativité dépend avant tout des avancées technologiques et sociétales. Ce qui nous pousse à garder l’œil ouvert, tant sur l’émergence de tendances graphiques que sur les engouements numériques du public. Et cette année encore, notre environnement nous invite à la découverte et au renouveau.
Dans cet article, nous vous partageons donc les tendances de design qui vont faire parler d’elles dans les années à venir. Toutes ne sont pas nouvelles, mais elles sont plus que jamais présente en cette année 2022.
L’éco-design / éco-conception
Créer en réduisant au maximum notre impact environnemental ? C’est l’idée portée par l’éco-design.
On parle d’éco-design (ou d’éco-conception) pour désigner tout élément graphique (une interface, un packaging, une identité de marque, etc..) dont les caractéristiques ont été pensées et imaginées pour que le produit final soit le plus écologique.
Pour concevoir de manière responsable, il est important de mesurer la consommation provoquée par notre design : logo, utilisation de photos et de vidéos, encre, typographies... Il faut dans un premier temps auditer son produit pour comprendre les axes d’amélioration à apporter sans dénaturer le sens ou l’importance de chaque support.
Il est possible d’adopter une conception plus responsable, notamment en favorisant un design épuré : limiter les animations et vidéos lourdes, les couleurs trop énergivores, les typographies avec empattements, les fonctionnalités secondaires, etc… Encore un peu perdu ? Voici quelques exemples de sites qui font de l’éco-design leur leitmotiv.
Même si la tendance semble lui donner raison, l’éco-conception a du mal à se faire une place dans nos designs, victime d’une mauvaise presse. On l’associe bien souvent à un design peu travaillé, fade ou laid, limitant dans les parties pris créatifs. Pourtant, au-delà de la nécessité de réduire le plus possible notre empreinte environnementale pour le bien de tous, cette tendance nous pousse à chercher des solutions pour créer des expériences nouvelles, encore plus impactantes, liant visuel et environnement.
Le design Inclusif
Le design inclusif s’inscrit dans la continuité des mouvements d’égalité et de diversité qu’a vu naître la fin des années 2010. L’inclusion par le design permet à chacun le droit de s’exprimer et d’être représenté, peu importe son genre, sa couleur de peau, son origine, sa religion ou son état de santé. L’idée étant de faciliter au maximum l’accès à l’information et le bien-être de l’utilisateur. L’inclusion se fait donc tant visuellement (image, illustration, ergonomie) que par le contenu textuel et informatif (UX writing).
En tant que designer, il est essentiel de respecter quelques pratiques afin de prendre en compte la diversité de ces users potentiels. Parmi elles :
- L’utilisation de mots simples et de phrases courtes afin de rendre accessible à tous l’information.
- Ne pas hésiter à indiquer l’objectif de la question dans un formulaire ou des champs de complétion.
- La norme a toujours été de représenter “l'utilisateur par défaut” (souvent homme blanc aux cheveux courts). Aujourd’hui, on parle plutôt d’abstraction (s’éloigner d’une représentation réaliste) ou de diversification (représenter la multitude de différences auxquelles les utilisateurs peuvent s’identifier).
C’est le cas des applications BeMyEyes et SunApp qui ont choisi de développer respectivement des solutions autour de problématiques peu abordées.
Dans une autre mesure, la marque de culottes menstruelles FEMPO a décidé de faire porter ses modèles à des femmes « normales », dont les morphologies, les couleurs de peau et les physiques ne sont aujourd’hui pas représentés dans la mode.
La data visualisation
De plus en plus, on troque le terme d’infographie pour celui de « data visualisation ». Et pour cause, bien qu’elles aient toutes deux pour but de présenter une donnée/information qualitative et/ou quantitative, ces deux approches graphiques sont pourtant bien différentes. L’infographie présente des données conceptuelles dans le but de démontrer un point de vue, tandis que la data visualisation expose de manière objective et hiérarchisée, un jeu de données dans un but exploratoire, qui tend à évoluer.
Il est donc primordial d’utiliser la data visualisation (ou dataviz) dans nos métiers, pour valider ou invalider nos prises de position, rebondir, améliorer ou supprimer les axes qui doivent l’être.
La démarche UX s’inscrit dans le développement ou dans l’amélioration d’un produit ou d’une entreprise. Nous actionnons des leviers de modifications pour répondre au mieux aux KPIs et il est important de pouvoir mesurer notre impact sur les nouveaux comportements des utilisateurs. La data visualisation est un outil qui nous permet de visualiser nos performances, et de déterminer de nouveaux axes d’améliorations. Pas étonnant donc de voir apparaître ces derniers temps des Data Designers dans nos équipes.
Nous avons sélectionné trois sites qui vous feront aimer la dataviz !
Design et réalité augmentée
Les enjeux autour de la réalité augmentée sont nombreux.
Présente depuis déjà quelques années dans notre quotidien – coucou les filtres Snapchat et autre j’aime Facebookien – nous y sommes de plus en plus exposés, voire, demandeurs de ce genre de technologie.
Casque VR, écran interactif, Meta, visite 3D, NFT… Nous sommes amenés à vivre dans un monde hybride, mêlant réalité et virtuel. Enthousiasmant pour les fans de tech, plus effrayant pour d’autres, la réalité augmentée pose beaucoup de questions sur la société de demain et les nouveaux comportements que cela pourrait provoquer. Car la réalité augmentée fait peur (comme beaucoup d’évolutions technologiques), notamment à cause de la perte de repères supposée entre réalité et illusion, ou les possibles dérives que cela engendrerait : vie essentiellement virtuelle, dissociation avec le « vrai » monde, etc...
Intéressant donc d’explorer les champs des possibles graphiques et d’encadrer cette technologie qui n’a pas fini d’évoluer. Notre rôle de designer est primordial car il donnera la direction à suivre pour les futures pratiques d’AR.
Nous avons isolé quelques captures de l’application Ikea Place – avec mise en situation dans nos locaux – qui vous propose de meubler virtuellement vos espaces avant de procéder à l’achat en ligne.
Le design de texture
Dans une moindre mesure que la réalité augmentée, mais avec tout autant d’importance, le design de texture est une piste intéressante pour représenter avec plus de réalisme un concept, un produit ou une marque. Ce type de design permet de renforcer une identité en mettant à l’honneur ses éléments graphiques sans technologie particulière derrière.
Ajouter de la texture permet de créer de l’émotion, et d’appuyer sur la réalité que le designer souhaite partager : un aspect naturel avec une texture végétale, une ambiance chaleureuse avec des matériaux fluffy et cotonneux, de la gourmandise avec un ingrédient plein de détails sur une carte de restaurant gastronomique... Bref, la texture permet d’attirer l’œil et surtout de véhiculer une vision unique et intense.
Avec cette technique, l’accent est mis sur le graphisme du support et moins sur le contenu textuel ou explicatif qui l’accompagne. À utiliser donc avec parcimonies et à adapter en fonction du contexte pour ne pas distraire l’utilisateur de l’objectif premier de l’interface.
La risographie
La risographie puise son origine dans le Japon de la fin du 20ème siècle. Cette technique est inventée par l’imprimeur japonais Noboru Hayama après que celui-ci ait développé une qualité d’encre jamais exploitée au Japon : une solution émulsionnée (mélange d’eau et d’huile) qui confère à ses impressions des couleurs uniques. Il exporte par la suite son style à travers le monde en produisant le « risographe » : un sérigraphe pour l’usage des particuliers.
Le principe du risographe est simple : le support papier fait un aller-retour dans la machine à chaque couleur à imprimer. Chaque passage superpose une nouvelle couleur, ce qui donne un effet de décalage entre chaque couche. Le rendu qui paraît presque accidenté est tout de suite un succès graphique. Il est utilisé aujourd’hui en impression, mais aussi sur des supports numériques, en illustration. Il confère un aspect rétro et artisanal.
Autre point en faveur de la risographie : le dispositif est peu consommateur d’énergie et s’intègre donc dans une démarche d’éco-design (débit d’encre moins important et non toxique pour l’impression, et moins énergivore pour le numérique). Ce qui en fait un outil considérable dans la conception de nos futurs produits.
Que nous ayons déjà adopté certaines de ces pratiques dans notre propre travail ou non, forcé de constater qu’il sera compliqué de les ignorer à l’avenir. Il est donc important de les appréhender et d’en maîtriser les enjeux. Car ces courants feront sans nul doute partis de notre environnement tech et de nos outils du quotidien.
Plus que des tendances donc, ces pratiques dessinent les contours du design de demain.