« Alexa, commande-moi une pizza pour 20 heures ! » Si cette phrase ne vous est pas encore familière, elle le sera prochainement. La commande vocale émerge brutalement aujourd’hui dans le monde du e-commerce, au point d’en devenir son potentiel modèle du futur. Présentation de cette nouvelle opportunité : le Voice Commerce.
Les USA déjà conquis… en attendant l’Europe !
Les études sont formelles, la commande vocale s’impose de plus en plus comme la nouvelle opportunité dans le E-commerce. D’après Global Web Index, en 2017, 1 personne sur 4 âgée entre 16 et 24 ans utilise la recherche vocale sur mobile aux Etats-Unis. Gartner annonce même que 30% des recherches se feront sans écran dès 2020. Ces deux chiffres justifient bien la montée en puissance de ce nouveau marché, qui serait estimé à plus de 600 millions de dollars en 2019 d’après Technavio.
Les Américains sont bien évidemment les précurseurs dans le domaine. Kleiner Perkins Caufield Byers (KPCB) affirme que cette technologie est majoritairement plébiscitée à la maison (43 % des sondés) ou en voiture (36 %). Bien plus que le côté fun qui est mentionné également, les utilisateurs y voient surtout de nombreux avantages comme pouvoir commander en ayant les mains occupées ou simplement pour aller plus vite.
La notoriété des acteurs : l’atout clé du Voice Commerce
Mais si le Voice Commerce peut prétendre à un avenir radieux, c’est aussi et surtout grâce aux premiers acteurs qui le mettent en avant. Nous parlons ici de Google (avec la Google Home), Apple (avec l’Apple HomePod) et Amazon (avec Amazon Echo). Petit tour d’horizon des forces de chacun des concurrents.
Amazon Echo, la technologie la plus aboutie
Premier acteur à se lancer dans le marché des enceintes intelligentes en 2014 avec la première version de ECHO, Amazon a pu acquérir de nombreuses parts de marché durant les trois dernières années. Ses ventes ont d’ailleurs augmenté considérablement chaque année pour atteindre 15 millions d‘unités vendues fin 2017 (chiffre annoncé par Amazon), propulsant ECHO à la seconde place des meilleures ventes Amazon des produits électroniques aux Etats-Unis.
En termes d’usage, Amazon a développé sur sa dernière version des conseils d’automédication aux USA grâce aux médecins de l’hôpital pour enfants de Boston. De plus, l’enceinte permet des achats instantanés. Sa seule limite actuelle réside dans les langues parlées (anglais et allemand uniquement), empêchant ainsi un déploiement optimal à l’international.
Google Home, la stratégie internationale
Google Home, modèle d’enceinte intelligente proposé par Google, s’inscrit indéniablement dans la stratégie de déploiement international du géant américain. En effet, Google Home est capable dès à présent de dialoguer dans six langues différentes dont le français, alors que le système n’existe que depuis une quinzaine de mois.
Profitant de toutes les fonctionnalités et avantages de Google, l’enceinte est compatible avec de nombreux services de streaming musical et propose un outil de localisation, idéal pour retrouver son téléphone chez soi. Enfin, à moyen terme, elle pourra servir de véritable chef d’orchestre de l’ensemble des objets connectés de la Smart Home.
Apple HomePod, le plus plébiscité
Dernier géant américain à s’être lancé sur ce marché, Apple propose sa solution HomePod. Cette enceinte présente une fonction musicale de très haute qualité, ce qui en fait sa première fonctionnalité. Elle profite aussi des technologies du groupe en étant notamment compatible à sa solution domotique.
Enfin, elle propose aussi divers contenus d’information (news, météo…) au quotidien pour ses utilisateurs. Le seul bémol actuel réside dans le prix qui est nettement supérieur à celui des concurrents (300 euros contre 160 en moyenne pour les autres enceintes).
Des limites à corriger pour répondre aux nouveaux challenges de demain
Les enceintes intelligentes ne pourront exploiter leur potentiel optimal que lorsque les limites techniques, légales et éthiques seront résolues. La réduction du taux d’erreur moyen, la compréhension de toutes les langues et le respect de la vie privée des utilisateurs restent les principales interrogations auxquelles devront répondre prochainement Apple, Google et tous les autres acteurs futurs du Voice commerce.
Une fois ces problèmes résolus, le Voice Commerce deviendra incontournable. Pour l’utilisateur, il offrira l’immédiateté de l’action : nous pourrons commander plus rapidement et plus précisément nos produits. Le Voice commerce permettra aussi de couvrir toutes les étapes du processus d’achat : de la prise d’information du client jusqu’au SAV : une réelle simplification côté client.
Comment les marques vont-elles s’adapter ? Un système de référencement naturel sera sûrement mis en place, reste à définir son mode de fonctionnement. Changera-t-il la notoriété et l’impact de certains acteurs ? Oui forcément serons-nous tentés de dire ! Sachant que les résultats multiples d’un moteur de recherche seront remplacés par une ou deux réponses fournies par la voix, la position sur les mots-clés stratégique vont devenir encore plus primordiaux. Les e-commerçants devront aussi prendre en compte deux paramètres pour ce nouveau mode de vente : l’optimisation des informations sur leur produit et la mise à jour en temps réel de leurs différents stocks.
Enfin, l’avenir du commerce vocal passera nécessairement par le paiement. La reconnaissance vocale s’est bien développée : aujourd’hui, en énonçant une phrase, l’assistante vocale sera capable de vous reconnaître. Amazon et Capital One sont d’ailleurs devenus partenaires dans cette optique-là aux Etats-Unis : Alexa peut vérifier le solde de votre compte, examiner vos dernières transactions ou encore payer vos commandes.
Apple a rapidement réagi, en nouant des partenariats, développant considérablement son service pour permettre d’effectuer des paiements. Cette solution sera potentiellement disponible en France prochainement. La Banque Postale a d’ailleurs mis en place le premier service national de paiement vocal, TalkToPay. Cette authentification par la voix a été validée par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, ouvrant ainsi la voie aux futurs paiements vocaux.